Visite de Teotihuacan au quai branly, Paris
Quelques jours avant La fermeture de l'exposition Teotihuacan (le 24 janvier 2010) je suis allée la visiter tardivement, puisque ces deux derniers vendredis, samedis et dimanches l'exposition ferme ses portes à minuit.
Les horaires décalés n'ont pas limité la foule, et face à quelques agglutinements j'ai décidé de me laisser aller à me promener dans la vaste salle, plutôt aérée. Mon œil parfois s'attardant sur quelque objet évoquant un masque.
C'est à cette découverte toute subjective que se consacre cet article.
- Teotihuacan?
Cette cité dont le nom signifie "lieu des Dieux" ou "cité où naissent les dieux" fut, au Mexique central (40 km de Mexico), le site d'une très riche culture et l'une des plus grandes villes au monde du début de notre ère jusqu'à environ 550 ap.J.-C. Son abandon fut total en 650. Au XVè siècle les aztèques s'inspireront du lieu et des croyances associées en allant même jusqu'à en piller les plus belles pièces et construire quelques temples "à l'antique" pour se proclamer héritiers de cette civilisation. Ce n'est qu'au XIXè siècle que la ville sainte oubliée sera fouillée et au XXè siècle qu'elle deviendra l'un des sites les plus visités du Mexique.
L'implantation de la cité s'est faite au confluent des steppes aux peuples de traditions nomades et des terres cultivées du sud. La ville est plutôt cosmopolite, mais il ressort que la domination à Teotihuacan est essentiellement Nahua, un peuple du nord historiquement guerrier et nomade. Les richesses de la ville sont l'exploitation de l'obsidienne (pierre dure pour façonner les objets coupants en l'absence de travail du métal) et la diffusion de poteries de la région.
La structuration de la société se fait autour de la religion de de ses cultes. Il s'agit de nourrir et d'honorer le soleil en lui offrant du sang humain en sacrifice. Le sacrifice humain correspond d'avantage à un acte fondateur, comme une inauguration de construction de batiment d'importance. Les sacrificiés sont généralement des captifs de guerre. Le reste des activités de culte correspondent à divers rituels, processions, offrandes, encensement et auto-sacrifices (don de sang volontaire non mortel). Les objets et décors trouvés sur place semblent tous liés au religieux.
Mais il est difficile d'en savoir beaucoup plus, cette civilisation n'ayant pas d'écriture à proprement parler (elle n'utilise que quelques glyphes symboliques). La ville s'étend sur environ 22km², et les fouilles sont loin d'être terminées.
le rouge est très présent dans les décors, comme le sang dans les rituels. l'exposition présente de belles fresques très colorées qu'il ne faut pas manquer d'aller voir, bien que ce ne soit pas ici mon propos.
- Des masques à Teotihuacan?
Ceux qui ont vu l'affiche de l'exposition (voir ci dessus) ont surement apprécié le masque de pierre qui l'illustre. Pourtant pas de masques véritables dans cette culture, ou alors peut-être en matériaux si périssables que nous n'avons pas possibilité de trace. Tous les masques de cette exposition sont des faces décoratives utilisées sur des encensoirs ou des sculptures.
La représentation de l'humain y est toujours idéalisée, parfaitement impersonnelle. Il doit s'agir d'incarner l'essence de l'être et non tracer des portraits. Il peut également s'agir de représentation de divinités.
Il n'empêche que de très beaux visages ponctuent cette exposition.
- Mes coups de coeur
Masques de pierre
Masque (Malinaltepec, est du Guerrero/ env. 350-550)
pierre volcanique ornée de turquoise, amazonite, obsidienne, coquillages.
Il s'agit probablement de le tête d'une sculpture en bois aujourd'hui disparue.
c'est celui de l'affiche.
Masque avec ornements d'oreilles (500)
pierre verte au doux modelé et au poli très fin. la bouche est ouverte sur des dents blanches de coquillage (?)
sculptures anthropomorphes:
Fardeau funéraire (400 ap. J.-C.)
la sculpture de terre cuite est grossière, y compris la tête, le visage est fait dans une autre céramique au fini bien plus fin. Il s'agit donc bien d'un masque... à sculpture.
sculpture du Dieu masqué (env.350-550)
céramique, stuc, pigments. Elle pourrait représenter un prêtre du culte de Xipe Tòtec, dieu du renouveau de la nature. Il tient à une main une patte griffue à l'autre un bouclier, et peut-être sur le corps la peau d'un individu sacrifié selon le rituel requis.
L'allusion au masque est due à l'expression figée et au léger contraste chromatique. il me fait d'avantage penser à un officiant en "transe" que masqué.
l'homme et l'animal
Les animaux les plus importants sont ceux qui incarnent le soleil dans les cultes: le jaguar et l'aigle: les plus grands prédateurs de la région.
masque de guerrier à l'aigle (350-650)
C'était le décor d'un encensoir.
Base d'encensoir en forme de jaguar (ou ocelot) gueule ouverte
statuette dite anthropomorphe avec ornements et coiffes?
elle pourrait laisser supposer que des masques étaient portés, à moins que cela corresponde à un dieu... le cartel n'offrait aucun élément de réponse.
encensoirs de type théâtre
Ces structures presque architecturales parlent surtout à la scénographe que je suis. De très fins visages sculptés y figurent pourtant souvent.
Encensoir avec des personnages stylisés et des symboles liés à la déesse mère.
Encensoir de forme architecturale comportant des motifs de fertilité (oiseau; papillon; plumes)
encensoir comportant un masque en son centre et des motifs de visage.
masques qui pourraient être issus d'encensoirs de type théâtre
masque avec ornements d'oreille et de nez en forme de papillon
Huehueteotl
Dieu du feu est représenté comme un vieil homme portant normalement un encensoir sur la tête:
urne effigie de Huehueteotl (env 200 à 350, région de Veracruz) céramique d'une grande expressivité.
masque provenant probablement d'un encensoir. On reconnait le personnage aux sillons soulignant son visage comme des rides.
statuette rare ne comportant pas d'ensensoir sur la tête (San Miguel de Azcapotzalo) a la particularité d'avoir une tête amovible qui serait positionnable en divers endroits du corps.Un plus que masque.