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la voix du masque
7 décembre 2009

Le masque ou l'archétype - 2- Rome

Empuries_Rome__VdMSuite de notre revue des masques archétypaux dans le théâtre occidental, après la Grèce antique (ici), voici l'empire Romain.

L'Italie de l'antiquité mêlait diverses cultures locales à des influences grecques. Aux alentours du VIè, Vè siècle av. J-C. le "théâtre" consiste en des rites spectaculaires et danses (Etrurie) et en des rites d'automne où les paysans grimés ou avec des masques d'écorces jouaient des farces (jeux fescennins). Au VI è siècle le mélange des deux genres donne la Saturna, qui ultérieurement sera le genre de clôture des fêtes théâtrales de Rome (Saturna exodium). Nos ne savons pas si ce genre était ou non masqué mais, si c'est probable, le genre nécessite des personnages distincts et non des archétypes.

Par contre nous sommes sûrs que se jouait avec masques l'Atellane, une forme de comédie d'origine osque (Campanie) dont on dit que la commedia dell' arte serait issue.

  • Atellane:

Cette farce masquée tiendrait son nom d'une ville (Atella) entre Capoue et Naples, qu'elle en soit ou non directement originaire. Le genre fut introduit au IIIè s. av. J.-C. à Rome ou elle supplantera petit à petit la saturna en exodium (fin des représentations) avant de laisser cette place aux mimes.

Il s'agit d'un genre populaire, paysan, traitant de la vie quotidienne de manière triviale (par opposition à la comédie phlyaque qui tourne en dérision les thèmes mythologiques) et ce, en langue populaire. Jouée à l'origine par des amateurs, elle devient à Rome un genre pour les professionnels. Certains écrits disent que c'est le seul genre, du fait de l'a spécialisation des rôles, qui ne demandait pas de retirer le masque publiquement. Si c'est vrai, elle aurait permis à diverses personnalités de jouer la comédie incognito et ainsi ne pas être touché d'infamie (le sort des comédiens, par principe exclus de la vie politique).

Maccus_gravure__Rome__VdM

Mais ce qui nous intéresse ici ce sont les masques. Ce peuvent être des masques entiers, bouche ouverte pour la parole, ou des demi masques (partie supérieure du visage uniquement), marquant les quatre personnages principaux et quelques autres moins courants. L'Atellane se joue en improvisation sur des canevas prédéterminés. les personnages sont bien connus et identifiés du public:

  • Maccus: paysan maladroit, niais, rustre, débauché, gourmand. Personnage commode dans toutes les situations, il peut aussi être soldat, hôtelier dupé, une pièce l'atteste même en jeune femme. Il est reconnaissable par une tête énorme, chauve, parfois bossu, il possède souvent un nez en bec de poulet. Ce dernier se disant Pulcino en italien, il pourrait être l'ancêtre de Polichinelle.
  • Pappus: vieillard avare, libidineux, et ridicule. il peut aussi être ivrogne, il est toujours dupé, trompé par tous. Il pourrait être un ancêtre du Pantalone de la commedia dell' arte. Son masque, aux traits grossiers et ronds porte une longue barbe. Il me fait penser au papposilène du drame satyrique, les oreilles et cornes éventuelles en moins. Le caractère diffère. Je ne sais pas si il y a un lien, ce n'est pas impossible, l'atellane dérivant probablement de la satire primitive, cortèges à Dionysos dont Manducus (voir plus bas) faisait également partie.
  • Bucco: idiot, impertinent, bavard, vaniteux, rôle de parasite. Il tiendrait son nom de sa physionomie aux grosses joues et grosses lèvres, ce qui se dit buffone en italien, ce qui aurait donné nos bouffons.
  • Dossenus: son nom veut dire bossu ( dorsennus). Il est le savant de cette petite assemblée, prétentieux et sentencieux, il est rusé et glouton et cherche à se faire dument payer ses connaissances. il peut être aussi maître d'école ou tirer les horoscopes. Il évoque le Dottore de la commedia dell' arte.

maccus_Rome__VdM Bucco__Rome__VdM
Pappus_Rome_VdM paposilenet__Rome__VdM

A ces quatre personnages invariables, s'ajoutent divers croquemitaines, spectres et personnages fantastiques à faire frissonner le public dont:

  • Manducus: "fantôme aux larges machoires"une sorte d'ogre, bouche immense et grosses dents.
  • Lamia: une ogresse dévoreuse d'enfants.

manducus_Rome_VdM

Le genre de l'atellane tombera en désuétude dès le IIè s. av. J.-C.

  • Les genres nobles: tragédie et comédie nouvelle

Tragedie__Rome__VdMle drame grec est importé à Rome à partit de 240 av. J.-C., mais, selon certaines sources, les masques seraient restés interdits, jugés trop "vulgaires" (du fait de leur usage en comédies populaires comme l'atellane). Il reste probable qu'il ait été présent au début jusque vers 180 av. J.-C. Les maquillages ne permettant pas de changer suffisamment facilement de rôle (ce que le masque fait à merveille) le recours aux masque s'imposera, tant pour la tragédie que pour la comédie aux alentours de 104 av. J.-C.

Les masques respectent les principes décrits par Julius Pollux dans l'Onomasticon, à savoir des traits réguliers et magestueux ou des signes de crispation pour la tragédie, et des laideurs caricaturales et quelques jolie jenes femmes pour la comédie. Les types en sont à priori les mêmes.

Jeune__Rome__VdM com_die__Rome__VdM

esclave__Rome__VdM femme__Rome__VdM

Les tragédies et comédies se jouaient lors de ludi scaenici, , plusieurs jours de représentations publiques gratuites et ouvertes à tous. Ces deux genres n'étaient donc pas les seuls.

  • Mime et pantomime

Le mime est un genre comique que l'on pourrait rapprocher de nos imitateurs. Il n'est pas masqué.

Par contre la pantomime utilisait les masques. Il s'agit d'un art dansé, à vocation narrative, illustrant un récit chanté et accompagné de musique. Le pantomime reste donc muet. Il peut y avoir nombre de personnages, un même danseur peut interpréter plusieurs rôles en changeant de masques. Ceux-ci ont donc la bouche close et leurs traits sont esthétisés, voire idéalisés. Je n'en ai trouvé aucune illustration.

Suite de l'inventaire avec la commedia dell' arte [à venir dans quelques jours - revenez-ici ou abonnez vous soit à la newsletter, soit au flux RSS, pour recevoir un avis lors de sa parution]

Références:

- Le masque - de G. Allard et P. Lefort - Que-sais-je? - PUF

- le théâtre à Rome de J.C. Dumont et M.-H. François-Garelli -  Livre de poche références

- Etudes sur le théâtre latin de Maurice meyer - 1847 -  libre de droits, BNF - Gallica

- Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio - 1877 - mise en ligne université Toulouse le mirail

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Commentaires
M
Tout sur le masque, passionnant.<br /> Depuis le Burkina Faso,<br /> Marianne
Répondre
V
Merci, c'est un plaisir de partager!
B
Stop the cap
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