Samouraï- armure du guerrier au musée du Quai Branly
Jusqu'au 29 janvier 2012 le musée du quai Branly à Paris présente une partie de la très belle collection Barbier-Mueller habituellement abritée à Dallas, Etats-unis. Il s'agit d'armures de guerriers japonais, principalement de l'ère Tokugawa (période Edo, 1602-1867), parfois plus anciennes.
Quel rapport avec les masques me direz-vous?
Si comme moi vous avez déjà remarqué sur des images de samouraïs le cache cou et bas du visage reprenant, en métal, ces mêmes formes, vous vous direz que c'est bien peu de choses par rapport à la diversité des formes de masques du monde. C'était un peu mon avis avant de me rendre à cette exposition.
Les pièces exceptionnelles (depart leur beauté et depart leur incroyable conservation) que l'on voit dans cette exposition témoignent d'une diversité formelle insoupçonnée pour moi. je me figurais assez bien la diversité des casques et des symboles accollés à ces tenues d'apparat plus que de combat, mais les masques eux-même sont une véritable gamme de ce que peut offrir le domaine des masques.
Cette pièce d'armure apposée au visage est dite mengu. Leur formes peuvent être très variées et prennent souvent tout leur sens qu'associée avec le casque, ou Kabuto. Toutes les formes de masques peuvent être reliées à un protège gorge ou yodare-kake.
La preve en images issues de cette visite:
LES FORMES DE MASQUES:
La forme la plus connue est celle d'un demi-masque sur la partie basse du visage,a vec le nez et les joues, lequel nez peut être amovible, est appelé menpō:
Un menpō à long nez à gauche et, à droite, un menpō laqué d'une couleur claire probablement inspirée de la carnation des portuguais qui avaient "découvert" le Japon peu auparavant.
Menpō et kabuto (demi masque et casque)
Menpō et kabuto (demi masque et casque)
Jusque là on est très proche de ce que je connaissais...
Le "masque" de samouraï, peut aussi ne comporter que le menton et les joues: c'est le hōate:
comme ci dessous par exemple, en second plan.
Mais le masque complet existe également: c'est le sōmen:
Pour illustrer l'importance du kabuto (casque) dans la fabrication du faciès impressionnant du guerrier:
à gauche un casque seul, à droite les sourcils et les cheveux sont bien solidaires du casque et non du visage.
THEMATIQUES:
Pour être complet il existe aussi des masques couvrant le front, les oreilles et les joues seuls. c'est le Happuri mais il n'y en avait pas dans l'expo.
Les masques sont généralement à l'intérieur en métal laqués en rouge (plus rarement doré ou autre). Un trou sous le menton permet d'évacuer la transpiration.
Quant-à l'inspiration, le but et d'impressionner, donc souvent on se réfère à des forces de la nature ou aux kami, divinités shintoïstes. Côté formes naturelles on y voyait aussi bien le rhinoceros que l'aubergine ou le bambou et des évocations du monde marin, laissant place, là encore, à une diversité remaquable.
Pour les Kami, la principale référence est le tengu: une divinité proche du corbeau, ou, dans sa version anthropomorphe, souvent représentée avec une face rouge et un très long nez. Les tengu sont liés aux arts matiaux et aux archers et donc forts prisés des samouraïs également.
Pour se faire une idée de comment on représente les tengu: à gauche un masque populaire du japon (photo wikipedia commons). A droite un menpō de l'exposition:
ci dessous à gauche une version stylisée du tengu, plus proche de l'arme blanche. Remarquez la laque rouge bien visible à l'intérieur. Et à droite un superbe ensemble évoquant un tengu plus proche du corbeau. Le masque se contente d'être une mentonnière, mais le casque la complète remarquablement.:
Et pour finir, un masque de cheval... qui le métamorphose en dragon... Au passage bonne année du dragon d'eau!
D'autres images et quelques explication dans cette vidéo:
Si vous le pouvez, n'hésitez pas à consulter le catalogue de l'exposition: "Armure du guerrier : Armures samouraï de la collection Ann et Gabriel Barbier-Mueller" ou son équivalent américain: "Art of Armor: Samurai Armor from the Ann and Gabriel Barbier-Mueller Collection". Superbes photos, textes surement à l'évenant, mais je ne l'ai pas lu.
EN BONUS:
Après avoir admiré ces lourdes armures, j'ai eu envie de les voir en action. Il va sans dire que ces tenues d'apparat ne font pas très bon ménage avec le champs de bataille.D'aileurs les extraits de films dans l'exposition n'en comportaient étrangement pas!
Je vous propose tout de même une courte filmographie qui permet d'aller plus loin dans l'appréhension de ce que sont les samouraïs et montrant des armures, plutôt que les masques (qui cacherait le visage de la star du film ce qui serait peu apprécié). Des mentonnières discrètes trouvent néanmoins régulièrement leur place... gardez l'oeil ouvert, surtout pour les figurants en second plan!
Le chateau de l'araignée
Version japonaise du Macbeth de Shakespeare dans laquelle on retrouve le souci du détail dans la reconstitution des armures, chère à Akira Kurosawa :
Ran
Librement inspiré du Roi Lear de Shakespeare, le film de Kurosawa est un projet pharaonesque, dimension qu'on retrouve notamment dans le travail colossal réalisé sur les couleurs et le design des costumes.
Il ne vous aura pas échappé que Akira Kurosawa a également et entre autres réalisé les septs samouraïs, mais dans ce film, ceux-ci ne portent pas l'armure.
Le dernier samourai
Inspiré de la vie d'un capitaine français conseiller du shogun, au XIXe siècle, le film de Tom Cruise propose quelques passages furtifs de guerriers en armure complète.
Le héros sacrilège
Habitué des drames sociaux, Kenji Mizoguchi offre ici un couleur un portrait tout en finesse d'un jeune home, en plein avènement du monde des samourais, toujours avec un grand souci du respect des costumes d'époque. Mais pas d'armures à proprement parler.
Merci à Daniel pour son aide éclairée à la filmographie.