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la voix du masque
2 août 2014

Lisbonne - IXe Festival internacional Mascara Ibérica (FIMI)

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IXe Festival International Mascara Iberica
8 au 11 mai Lisbonne


Depuis 9 ans, Lisbonne accueille un défilé annuel de masques traditionnels du Portugal et d'Espagne, ainsi que des groupes invités. Cette année, le FIMI a vu passer 33 groupes ibériques et reçu en invités les masques de Maragojipe, Bahia (Brésil) et les masques de Mamoiada en Sardaigne.

FESTIVAL

FIMI-VdM-P5080211A l'origine du projet, l'association portugaise projestur, se dédie à préservation et à la promotion de la culture, des arts et traditions portugais. Sous l'impulsion de son président, Hélder Ferreira, nombre de ses projets sont consacrés à faire connaître les traditions de masques du pays, mais aussi du voisin ibérique. Deux festivals existent ainsi : le FIMI de Lisbonne et les « masques à Zamora » en Espagne, des participations à des projets internationaux plus vastes (masques et mascarade...), des expositions, et à l'écriture et la publication de livres sur les différentes traditions masquées de la péninsule : mascaras em Portugal  et mascara iberica tomes 1 et 2).

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A Lisbonne, le festival se double d'une foire aux produits artisanaux (généralement de la nourriture) et à la valorisation du tourisme dans les régions représentées ainsi que d'animations et concerts de musiques régionales. Quelques masques présents les jours avant le défilé font le spectacle entre les stands. Sous ses aspects superficiels, voire quelque peu perverti, le festival n'est est pas moins le reflet d'une recherche sur le terrain, d'une tentative d'inventaire des traditions locales et une manière de les faire perdurer en les faisant connaître d'un plus grand public, qui peut ainsi, peut-être, se les réapproprier.

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 MASQUES
Mais que sont ces masques ?

La plupart des masques de ce festival sont des masques d'hiver.
En Europe, les masques sont le plus souvent associés à la période hivernale, que l'on place entre le 11 novembre (théorique début d'hibernation de l'ours), le 2 février (sortie d'hibernation) et se clos au carnaval. Cette période où le soleil est moins présent et la nature en dormance est propice à faire surgir les forces sauvages et mettre en scène la fécondité espérée. Si le carnaval, à cheval sur le printemps, en est l'apogée, le cœur des fêtes d'hiver et de leurs actions se situe lors des 12 jours, journées de décalage entre le calendrier lunaire et le calendrier solaire que l'on place en Europe vers le solstice d'hiver et plus précisément entre le 25 décembre et le 6 janvier (donc Noël et l'épiphanie). Malgré la forte prévalence catholique dans la péninsule ibérique, une grande partie des fêtes de masques traditionnels qui ont perduré ont (encore) lieu le 25 ou 26 décembre, le 1er et le 6 janvier.


Il semble que ces 12 jours soient la période des « fêtes de garçons », sorte de rite de passage des jeunes vers l'âge adulte, mais aussi de fêtes de la fertilité plus ou moins burlesques, ou liés au culte du monde animal et de la vache en particulier. Certains rites de janvier, peut-être sous l'influence religieuse, mettent en scène l'opposition des forces de « bien et de mal » par toutes sortes de "diables (en fait de masques cornus) qui tracassent le badaud ou que la population « chasse » à coup de raves. Mais la cohabitation avec les «hommes sauvages» peut prendre des tournures plus pacifiques.


La période de carnaval présente peut être des groupes plus importants de masques, mêlant chahut, moqueries et jeux de purification et de fertilisation.

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IBERIQUES
Où survivent encore ces traditions de masque ?

Comme partout en Europe, les régions qui ont pu maintenir leurs traditions « païennes » sont souvent des villages un peu retirés, de préférence en zones de montagne. Il n'empêche que des villes et des sites de plaine peuvent aussi avoir leur tradition : il s'agit alors de carnaval ou de fête assimilée à une autre fête du calendrier (en l’occurrence le Corpus Christi pour l'un des groupe). On peut alors se demander si des fêtes d'hiver n'ont pas été déplacées, pour raisons religieuses, lors de la période de licence autorisée du carnaval.

En Espagne, la période franquiste a totalement interdit l'existence de ces manifestations. En a résulté un arrêt et un oubli partiel. Ce n'est qu'au début des années 1980 que des villageois sont partis à la recherche de leurs traditions et on commencé à retrouver leurs masques. Les carnavals et fêtes d'hiver que nous voyons aujourd'hui sont un mélange de persistance de traditions et de réinvention à partir du matériau retrouvé, souvent accompagné de recherches historiques, anthropologiques ou folkloristes plus poussées.

Les groupes présents lors de ce festival venaient pour la plupart de la zone frontalière nord-est du Portugal avec le nord-ouest de l'Espagne (Provinces de Bragança, Vinhais, Mogadouro... au Portugal – Zamora, Galice, León et Asturies pour l'Espagne). Quelques groupes venaient  par ailleurs de la région de Caceres (Espagne), Salamanque (Espagne), Coimbra (Portugal) Mira et Aveiro (Portugal)

Je ferai un article à part pour les invités (Sardaigne et Brésil)

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 LE DEFILE

FIMI-VdM-P5100852Quelques heures avant le défilé, les groupes se préparaient dans une salle de la Mairie (?), non loin du point de départ des festivités. Certains, prêts plus tôt, font la parade, d'autres attendent, masque relevé ou à la main. Plus il y a de monde costumé, plus ils posent pour les photographes ou se dirigent vers la place de la mairie pour faire de même.
S'ensuit un long moment ou chacun alterne entre photos de groupe ou d'individu masqué, avant goût du défilé, avec des masques qui passent en s'activant comme ils le doivent, et des pauses, masque lâché, posé, ou juste à discuter avec son voisin.

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Je suis frappée du naturel de ces gens avec les masques. J'ai tendance à avoir une image duP5100897 [800x600] masque assez ritualisé, sacralisé, même au théâtre où on ne met ni n'enlève pas un masque face au public, ou l'on est le personnage dès l'instant où on le revêt etc. Ici il semble que certains respectent une attitude de masque stricte, ne parlent pas avec un masque entier, si ce n'est pas certaines onomatopées qui font partie du « personnage » ; alors que d'autres vivent avec cet accessoire comme si de rien n'était.  Le masque se relève sur la tête ou se laisse traîner au sol. On le tient avec les mains pour le soutenir ou le replacer, on papote avec : j'ai ainsi vu un masque se faire interviewer par la télé locale:

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Mais aussi une jeune fille visage nu interpeller un personnage masqué qui passait : « maman ! » et la mère de la rejoindre et relever son masque pour savoir ce qu'elle voulait. C'est une ambiance bon-enfant, très naturelle, et sympathique, mais tout de même quelque peu décalée par rapport à la force visuelle de certains masques. Sans doute le propre d'une forme populaire et spontanée.

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P5101271 [800x600]Parmi les masques, beaucoup de femmes, et même quelques enfants. Dans la plupart des cas, c'est une concession à la modernité: ce sans quoi il ne se trouve plus assez d'hommes intéressés par porter cette culture dans les villages, donc on sollicite tout le monde. Des rôles restent néanmoins assignés: beaucoup de masques ont une symbolique sexuelle forte et restent le domaine des hommes, voire seulement jeunes hommes célibataires. Même (et surtout) dans les cas d'ambiguité voire l'hermaphoditisme du masque qui peut associer des symboles très masculins avec des vêtements féminins. Dans une même traditions certains masques peuvent être portés par tous et d'autres non. La tradition est une chose qui évolue, et le sens reste relativement préservé.

Dans beaucoup de groupes il y a des personnages différents dont certains sont masqués et d'autres pas.

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FIMI-VdM-P5101753Lors du défilé, je suis restée sur la place, voir chaque groupe au départ. Ceux-ci devaient patienter pour leur tour afin que tous ne se télescopent pas. Ce temps était l'occasion de rentrer dans le jeu masqué, chahuter les passantes (oui les jeunes femmes sont visées en tout premier lieu, rite de fertilité oblige) attraper le touriste avec leurs pinces articulées ou une simple canne, les effrayer en leur fonçant dessus (surtout les cornus!), ou parader pour les plus sages.FIMI-VdM-P5101548

Au départ, il peut s'agir d'une simple marche, mais certains surprennent en partant en courant, sautant, continuent de trouver des personnes à attraper, d'autres circulent, reviennent en arrière, repartent... Des musiciens accompagnent parfois les groupes, les percussions étant reines, même si les cloches nombreuses sur les costumes suffisent souvent à l'ambiance sonore. Des crécelles sont également actionnées. Il est frappant de constater la permanence de ces objets simples au fil des siècles (pinces articulées, crécelles, cloches..).

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Plus loin la foule étant plus dense, le défilé porte bien son nom, même si les pinces s'actionnent toujours et que quelques jolies jeunes femmes risquent encore de se faire courser, attraper, porter.

A l'arrivée, sur le Rossio, au milieu du marché artisanal, le cortège se disperse, les masques se posent, puis se remettent pour la photo ou surprendre le badaud, reprenant son aspect informel des débuts. J'en profite pour faire quelques interviews, mais déjà les groupes repartent, des cars les attendent.

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500 participants étaient attendus à défiler ce jour là. Tous n'étaient pas masqués, loin de là, mais cela reste une rare occasion d'appréhender la diversité des coutumes d'une même région, par ailleurs rarement associée aux masques (on connaît d'avantage les masques des Alpes, d'Italie, des pays de l'Est...). FIMI-VdM-P5102042

Ce rapprochement, si artificiel soit-il, est l'occasion de constater la grande diversité des formes, des énergies, des jeux de masques appartenant pourtant à une même culture, une même symbolique. C'est aussi la possibilité de « sentir » la présence de ces masques, que l'on n'aura pour beaucoup pas l'occasion de voir dans leur contexte. Mais justement, cette confrontation rapide crée aussi l'envie d'aller les appréhender chez eux, à la bonne saison, dans le paysage qui est le leur et leur manière d'agir spécifique. De fait, l'objectif des organisateurs comme des participants doit être atteint.

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LES GROUPES EN IMAGE
Liste des groupes présents et dates de sortie habituelle des masques:

Portugal
Caretos da Lagoa, Mira (carnaval)

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Caretos de Parada, Bragança (26 décembre)

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Caretos de Varge, Bragança (Noël)

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Caretos de Lazarim, Lamego (Carnaval)

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Caretos de Vila Boa, Vinhais (carnaval)

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Cardadores de Vale de Ílhavo, Ílhavo (carnaval)

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Chocalheiro de Bemposta, Mogadouro (26 décembre)

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Velho de Vale do Porco, Mogadouro (Noël)

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Festa dos Velhos de Bruçó, Mogadouro (Noël)

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Caretos de Podence, Macedo de Cavaleiros (Carnaval)

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Entrudo das Aldeias do Xisto de Góis, Coimbra (Carnaval)

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Espagne
Los Boteiros y Folión de Viana do Bolo, Galice (Carnaval)

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Troteiros de Bande, Galice (carnaval)

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Bonitas de Sande, Galice (Carnaval)

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Los Toros y los Guirrios de Velilla de La Reina, León (Carnaval)

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Los Jurrus de Alija de Infantado, León (Carnaval)

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El Atenazador de San Vicente de la Cabeza, Zamora (été. 11 août)

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Visparra de San Martin de Castañeda, Zamora (26 décembre et 1er janvier)

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Diablos de Sarracín de Aliste, Zamora (1er janvier)


Cencerrones de Abejera, Zamora (1er janvier)

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La Filandorra de Ferreras de Arriba, Zamora (26 décembre)

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Los Carnavales de Villanueva de Valrojo, Zamora (Carnaval)

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La Vaquilla y los Cencerros de Palacios del Pan, Zamora (Carnaval)

El Tafarrón de Pozuelo de Tábara, Zamora (25,26,27 dcembre)

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(Le Tafarrón est l'homme à l'habit de fibres, il a un masque en métal, mais le porte généralement pendu dans son dos, Celui qui l'accompagne est un bon exemple de masque, sans visage de masque)


La Vaca Bayona de Almeida de Sayago, Zamora (à l'origine 25 décembre, maintenant: carnaval)

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Los Hombres de Musgo de Béjar, Salamanca (Fête du Corpus Christi)

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Las Carantoñas de San Sebastián, Acehúche, Cáceres (20,21 janvier)

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Jarramplas, Piornal, Cáceres (19-20 janvier)

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'(devant le "Jarrampla" bien réel, et derrière son homologue exhibé sur le marché régional)


Los Sidros y la Comedia de Valdesoto, Astúrias (janvier)

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Commentaires
P
Muchas gracias. Un gran trabajo, Candice
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