Expositon fleuve Congo
C'est pleine d'envies de voyages que j'embarquais vendredi pour l'exposition "Fleuve Congo" * en mezzanine du musée du quai Branly à Paris.
Il s'avère que j'ai eu le privilège de voguer quelque (petit) peu sur le Congo et l'Ogooue, et de fréquenter quelques villes de ces régions, je rêvais donc à une ballade le long des larges fleuves dans la jungle dense, ou moins dense...
Que nenni. Point d'exotisme. La région dont parle l'exposition semble s'appuyer sur une des zones de répartition de la langue Bantoue (ça fait moins rêver dit comme ça). Même si les langues, comme les hommes, peuvent, effectivement, emprunter les fleuves, l'exposition semble faire peu de cas des rives, de leurs paysages, et des coutumes qui y sont liées.
Les pays les plus représentés sont le Gabon (qui n'est pas traversé par le Congo, mais par l'Ogooué, un autre fleuve) et la République démocratique du Congo. Les thèmes, donc, loin d'être géographiques ni hydrauliques, se répartissent en:
- les masques "en cœur" (bien que pas seulement) ;
- les figures de reliquaire
- l'image de la femme.
Un espace est consacré à des données "historiographiques" sur la "découverte" du Gabon et des deux Congo par les occidentaux à partir du 19è siècle. C'est la seule partie de l'exposition a avoir (à ma connaissance) bénéficié d'un papier d'explications. Il s'agit d'une chronologie somme toute anecdotique, inutile à la compréhension des œuvres exposées, et dont l'"européanocentrisme" me laisse perplexe.
A part ça, tout manque cruellement d'informations. Voulaient-ils vendre leurs audioguides? En tous cas les cartels m'ont laissée sur ma faim, et le public semblait se ruer devant les vidéos pour en apprendre un peu plus, et ils avaient raison. Quitte à être bougonne, autant aussi dire que je regrette certaines vitrines en plexiglas éclairées par le dessus qui laissent de vilaines ombres de jointures sur les œuvres.
Décevante, alors, cette exposition?
NON. L'exposition présente beaucoup de pièces, et de très belles pièces, dont nombre de masques. Ceux-ci sont souvent fort connus (par moult parutions en catalogues) car provenant des collections du musée et de quelques autres institutions célèbres. Il reste néanmoins des œuvres de qualité issues de collections particulières et autres découvertes.
L'impression générale est d'être en présence d'une majorité de chefs d'œuvre, soigneusement sélectionnés, variés, avec peu de redites. L'exposition est riche, et la visite mérite du temps. Il s'agit bien d'une expositions d'œuvres de musées, exposée comme telles, et donc pas une exposition à portée ethnographique.
Sont représentées dans l'exposition des oeuvres: Kwele, Teke, Lega, Bembe, Fang, Kota, Hemba, Punu, Phemba, et Luba. (j'en oublie peut-être?)
Voici en image ma sélection, avec quelques rapprochements esthétiques ou thématiques.
C'est à dessein que je ne commente pas. Par contre je ferai un article sur les masques de cette région sur ces pages très prochainement.
Masques en cœur
Masque Kwese - RDC - coll. particulière Masque Lega - RDC - Coll. particulière
Masque Lega - RDC - Masque Fang - Kwele - Gabon - Coll. particulière
Musée royal de l'Afrique centrale, Tervuren
Masques janiformes (voir définition ici)
Masque-heaume Ngontang - Fang Masque janiforme Bembe - RDC
Gabon - Coll. particulière Coll. particulière
Masques animaux
Masque heaume hibou - Yaka nkanu Masque gorille Gong - Kwele
RDC - coll. particulière Gabon - Coll. particulière
Masque homme et animal
Masque à cornes anguleuses - Kwele Masque heaume avec antilope - Yaka
République du Congo RDC - Musée du quai Branly
Muséum d'histoire naturelle de la Rochelle
Masques féminins
Masque de danse Okuyi - Punu - Gabon - Coll. particulière
Autres masques anthropomorphes
Masque Kuba - Mushenge - RDC Masque Vili - Kongo - RDC
Musée du Quai Branly Musée du Quai Branly
Films:
dans la petite salle, dite "boîte", un peu à part de la partie
reliquaires, ne manquez pas, le film projeté en noir et blanc. Il s'agit de Disoumba , Liturgie musicale des Mitsogho du Gabon central de Pierre Sallée
Il y a deux brèves apparitions des masques qui dansent, dans le contexte rituel, de nuit, à la lueur du feu: cela donne une autre valeur aux objets admirés en vitrine, une idée de ce que ça fait quand ils sont parés de leurs fibres de costume, en clair obscur, animés d'un mouvement permanent et non humain.
Est également projeté un peu avant un extrait de L’esprit de la forêt de Jean-Claude Cheyssial.
Pour finir
mon petit préféré, pour son étrangeté, sa grande simplicité, le jeu de la lumière dans les trous (même si c'est pas fait pour), sa grâce épurée:
Masque facial Mbole - RDC - Coll. Particulière
Bien entendu, il y a aussi de très beaux reliquaires, et d'autres sculptures diverses tout aussi dignes d'intérêt, mais étant donné l'objet de ce blog et la nécessité de faire un choix, je vous laisse découvrir pas vous même cet autre aspect de l'exposition.
*Exposition Fleuve Congo:
du mardi 22 juin au dimanche 3 octobre 2010
Musée du quai Branly, à Paris