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la voix du masque
30 août 2009

Que sais-je?

quesaisje001Ce que je sais? Moi... pas grand chose... mais la collection du Puf se charge de nous en apprendre un peu plus.
Après une recherche de définitions, j'ai plongé mon nez dans ces petits livres généralistes.

A ma connaissance il y a deux publications, sous le même numéro (905):
- Les masques par Jean-Louis Bédouin (1961)
- Le masque par Geneviève Allard et Pierre Lefort (1984)

Mais sous la couverture peu de choses en commun entre les deux ouvrages.
Autant le premier offre un point de vue uniquement rituel et ethnographique, autant les seconds tentent une approche plus symbolique, abordant tous types de masques mais ne s'attachent jamais à aucune forme, seulement à la fonction.


J'ai abordé chacun des ouvrages par deux/trois questions pour que vous vous fassiez une idée, que vous cherchiez quelle sera votre référence, avant d'aller fouiner chez le bouquiniste (c'est qu'ils ne sont pas récents les petits livres!):

        Les masques par Jean-Louis Bédouin

Un plan: (entre parenthèses: un résumé personnel et non les titres de l'auteur)

I - Le masque, sa psychologie     (les origines: rites dionysiaques ou funéraires ; rapport aux mondes antagonistes: inconscient ou sacré)

II- Techniques du masque    (pourquoi et comment se font les masques rituels en Afrique, en Amérique et en Océanie)

III-Le masque et ses métamorphoses     (les fonctions ; les formes dérivées ; aspects visuels du masque ; culte et chamanisme)


Un point de vue:

Les masques, selon Bedouin, seraient soit "purs", c'est à dire liés à une utilisation rituelle spécifique (initiation, culte...), soit "dégénérés", c'est à dire abâtardis par un rôle technique ou civil (théâtre grec), voire carrément "décadents" (comédie italienne, carnaval s'il n'a pas d'influence païennes sacrées...),  Le loup, masque mondain, étant le summum du rien-du-masque, n'est décrit que comme un accessoire de maquillage.

Cette hiérarchisation a ceci de positif que le livre est cohérent et fourni sur ce qui est son vrai sujet: les masques rituels des civilisations dites primitives. Il reste sur ce point une référence souvent citée. En contrepartie on le sent en quête d'un idéal d'origine unique de l'homme masqué, d'une "pureté" originelle un peu forcée.


Une citation:

"Le christianisme, dont le système central est l'incarnation d'un dieu qui se fait homme, a très exactement inversé les données du problème du masque. Jusque là le masque avait été l'instrument, plus ou moins parfait, grâce auquel l'homme avait tenté de s'élever au dessus de sa condition terrestre, de devenir semblable aux dieux. (...) Mais le christianisme a, de son côté, conféré au masque une valeur purement négative qu'il n'a jamais eue chez les "primitifs". Si les traits de l'homme sont divins, il s'ensuit que tout ce qui tend à dissimuler ces traits ou, au sens propre, à les défigurer, ne peut être qu'une invention du Malin"*

* extrait de la conclusion. j'ai respecté les minuscules/ majuscules à dieu et Malin.

muse_de_louvecienne (détail d'une statue féminine dite "muse de Louvecienne"

Rome IIè siècle après J.-C., musée du Louvre, Paris)

        Le masque par Geneviève Allard et Pierre Lefort

Un plan: (entre parenthèses: un résumé personnel et non les titres des auteurs)

I- Origines du masque: (mythologie grecque ou égyptienne ; rapport au surnaturel)

II- Le masque qui dissimule: (psychologiquement ; masque mortuaire ; de scène grecs, romains et japonais)

III- Le masque qui métamorphose: (rituels: africains, chamaniques et océaniens)

IV- Le masque qui épouvante: (Gorgone-méduse ; dieux ou démons ; masques profanes et de comédie)

V- Le masque moderne: (rôle social ; carnavals)

 

Un point de vue:

Voici un livre descriptif, qui tente d'aborder la diversité du masque objet ou symbole (même séparé de tout accessoire matériel). Les aspects philosophiques côtoient des énumérations précises à renfort de tableaux (merci pour la liste complète des masques de tragédie grecque selon l'onomasticon de Pollux que j'avais cherché en vain auparavant) au risque de perdre le lecteur dans une foule de détails finalement très peu liés les uns aux autres. A l'inverse du prédécesseur tout est à un même niveau, et la lecture peu fluide.

 

Une citation:

" nous avons appris que l'habit ne faisait pas le moine: cela est bien vrai, ce n'est pas en endossant un uniforme que l'on peut acquérir toutes les vertus de la fonction correspondante. Par contre, le port d'un masque peut faire retourner une situation, et, grâce à une sorte de transcendance entre le porteur et l'être imité, l'habit peut alors faire le moine ; si c'est le même habit, ce n'est plus le même moine, mais il peut y avoir plusieurs habits pour le même moine. Se métamorphoser, c'est déjà s'intégrer ; un pas terrible est franchi, et, du coup, "paraître, c'est être"." (p114)


faunesse_1 (masque de satyre

Grèce 1- s. av J.-C. - 1er s. ap J.-C. - Musée du Louvre Paris)

        Il en résulte qu'il ne semble pas si facile de résumer en une centaine de pages ce que serait un masque. Le masque a toujours été lié aux hommes d'ici et d'ailleurs, en version sacrée et en version triviale, ses fonctions sont aussi différentes que ses formes, et sortir un masque de son contexte est lui faire perdre son sens. De sorte que résumer le masque est aussi vaste que de résumer l'humanité. Qui se confrontera à ce difficile exercice pour une troisième version de ce numéro 905?

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